Quel(s) résultat(s) de l'action ?
Une obligation de moyens (et finalement de posture), plus qu’une obligation de résultats … Des financements ont été sollicités auprès de la CAF et de la politique de la ville pour lancer cette dynamique. Des indicateurs et des critères traditionnels ont été mis en place (nombre de participants, nombre de rencontres de travail, …), ceci était avant tout un exercice de forme plutôt que de fond.
Dans cette phase d’écriture commencé fin 2014, il a été impossible d’anticiper la façon dont les choses allaient se passer. Nous avons appris à penser les projets à partir des éléments sur lesquels nous avons prise. Par exemple, si nous voulons améliorer la convivialité, c’est notre convivialité que l’on va améliorer. Il est difficile de dire : » nous avons pour objectif qu’il y ait 50 nouvelles personnes sur le projet Hors les Murs ». Par contre, dire que nous sortirons X fois, sur des horaires identifiés et que nous le ferons quelque soit le temps, ce sont des éléments sur lesquels nous pouvons agir. Dans les faits, avec cette approche, il y a toujours du monde dans et autour des projets, dans la mesure où ce sont les envies d’agir des personnes qui sont mises en oeuvre.
Evolution de la nature de la relation bénévole/professionnel … De la même manière, l’impact positif sur la relation bénévole / professionnel n’était pas envisagé. Le fait de travailler ensemble, d’être dans une certaine mesure dans la même « galère » (sortir et ranger le centre social tous les jours par exemple), de décider ensemble de tout, d’être dans une logique de complémentarité plutôt que de carence… Ces éléments ont refondé les pratiques de travail associé dans le centre social.
Evolution des postures professionnelles … vers de nouveaux métiers … autour de la pédagogie sociale et de l’accompagnement du DPA. Ceci est précisé rapidement en amont. La place du professionnel a été questionnée fortement. Certains pouvaient se dire, mais « il n’ont pas/plus besoin de nous ». La place du professionnel évolue, moins animateur pour, surtout pas expert à la place de … davantage médiateur, tisseur … mailleur (d’idées, de collectifs, …)
Evolution du « Hors les Murs » vers l’atelier de rue … : de l’animation et la communication à la relation et l’accompagnement . Plus de 3 ans après la première forme de centre social « Hors les murs », il y a aujourd’hui 6 ateliers de rue hebdomadaires mis en place toute l’année, aux mêmes endroits et quasiment toujours à la même heure (les ateliers de rue pendant les vacances scolaires peuvent bouger en terme d’horaires). 4 sont mis en place sur le chemin de l’école de 16h45 à 17h45 et 2 sont mis en place de 18h à 20h à destination du public ado et jeune adulte. 3 principes guident ces approches : La permanence de la présence, l’inconditionnalité de l’accueil et de la confiance qui se donne.
Cette approche a aussi simplifié nombres de choses, le travail intergénérationnel, s’est fait dans une simplicité extraordinaire, l’échanges des savoirs, la prise de responsabilité, la participation aux décisions, … Ceci a pris de la force autour du projet centre social « Hors les murs », et se décline maintenant dans toutes les dimensions du projet social.
De plus, l’approche « Hors les murs » s’est déclinée autour d’autres projets qui ont eu une influence forte sur les projets sociaux des centres sociaux de Mazingarbe : Le ‘repair café’ avec la mise en place de la ‘repair mobile’ et le magasin gratuit avec sa déclinaison Hors les murs.
L'action va-t-elle se poursuivre ?
Aujourd’hui les ateliers de rue/Ateliers éducatifs de rue existent toute l’année. Certes, ils sont chronophages et énergivores, cependant rien d’autre d’aussi efficient n’a été mis en place dans notre contexte. C’est d’une certaine manière difficile de sortir aussi régulièrement sans qu’il y ait une véritable équipe dédiée. Cependant ce qui se passe « Hors les murs » est aussi énergisant, cela permet aussi d’être en prise directe avec l’ambiance du quartier, autant dans les envies d’agir que dans les problèmes qui se présentent. De plus, sans que l’on sache vraiment pourquoi, la fréquentation d’un atelier peut baisser pendant quelques semaines et remonter aussi soudainement. Cette action, cette posture sera donc maintenue aussi longtemps que les acteurs le jugeront nécessaire, même si les évolutions sont régulières et la recherche de moyens pour renforcer les équipes est, elle, constante.
Quelles améliorations souhaiteriez-vous apporter au projet ?
Les améliorations se construisent au fil de l’eau pour la forme de l’atelier, en étant à l’écoute des personnes qui fréquentent les ateliers et des bénévoles qui s’y investissent régulièrement.
Attention à mieux conscientiser le chemin parcouru … les temps d’analyse des pratiques, de « regards sur », existent mais ils sont mis en place quand il y a un peu de temps pour le faire. Ceux-ci devraient être repérés dans l’année. Les postures qui ont été initiées « Hors les murs » se déclinent toute l’année sur différents projets. Il convient de mettre les moyens suffisants en terme d’analyse et d’accompagnement.
Laisser davantage de traces … des expos photos, des livres, des fresques, des portraits, ont été réalisés « Hors les murs », ils ne sont pas suffisamment valorisés, et pas systématiques. Ces 2 points font partie des axes de réflexion qui sont en cours.
Quels conseils donneriez-vous à des personnes qui voudraient suivre vos traces ?
Aucun, nous sommes partis d’un point et il était impossible d’envisager à quel point les pratiques seraient repensées à partir de cette approche. Il n’y avait pas de recette et d’ambition stratégique de structure. Il s’agit simplement d’accompagner une envie d’agir d’habitants à partir de ce qui a du sens pour eux. L’équipe de professionnels a été emportée par la dynamique. De la même manière, il n’y a pas eu de freins de la collectivité de référence. Nous n’avons pas demandé la permission pour mettre en place le centre social « Hors les murs », nous avons informé la mairie que nous allions mettre en place ce projet. Celui-ci a été bien accueilli, mais nous l’aurions fait même s’il y avait eu une réticence. Quand le projet a été présenté en conseil d’administration, l’enthousiasme était relatif. C’est l’énergie de ce premier groupe d’habitants qui a permis de la réussite et a favorisé la pérennité de la dynamique.
Donc il n’y a pas de conseil à suivre le mode opératoire qui s’est construit à Mazingarbe, nous pouvons partager ce qui commence à être un des piliers de notre intervention « Hors les murs ». Les conditions repérées :
- Être là (vraiment) !
- Permanence de la présence et inconditionnalité de l’accueil
- Travailler ensemble …… à partir de ce qui a du sens pour les personnes concernées (dans la temporalité des personnes)
- Considérer les personnes telles qu’elles sont et pas telles que l’on voudrait qu’elles soient ! (Pas de préalable à …)
- … et tout ce qui nous reste à découvrir